Tous les épisodes

Emmanuel - Producteur de lentilles dans le Nord

Saison 7 Episode 6 Semis, Floraison Lentille

Salut, c’est Agathe, bienvenue dans Paroles de terres. Je suis aujourd’hui dans le département du Nord, pour vous parler, à votre avis de quoi ? De betterave ? D’endive ? De pomme de terre ? Et bien non ! Aujourd’hui, on va parler d’une petite graine riche en protéines que vous connaissez bien : la lentille. Et pour ça, j’ai rendez-vous avec Emmanuel, agriculteur à côté de Cambrai, et qui s’est lancé dans la culture de la lentille. Je vais aller lui poser toutes mes questions, c’est parti !

Bonjour Emmanuel

Bonjour Agathe

Merci de m’accueillir de nouveau sur ton exploitation. J’ai entendu dire que cette année, pour la première fois, tu as mis en place chez toi de la lentille. Explique-nous déjà à quel stade en est la plante.

Cette parcelle de lentilles a été semée le 5 mai et nous sommes presque arrivés à maturité. On voit encore différentes couleurs : vert quand ce n’est pas encore tout à fait mûr et gris pour les parties arrivées à maturité.

Pourquoi avoir fait de la lentille ?

C’est une initiative de la marque Vivien Paille, Unéal et Advitam (coopératives) en écho au Plan Protéines, de pouvoir faire de la lentille en local à destination de notre alimentation. C’est un challenge pour moi de faire cette culture, car je dois l’intégrer dans ma rotation, mon assolement en tant que légumineuse.

On va y revenir. Si je comprends bien c’est donc la marque Vivien Paille qui a sollicité ta coopérative qui est venue te voir pour te proposer d’en cultiver.

C’est bien ça

C’est quel type de lentilles ?

C’est de la lentille verte.

D’accord. Alors tu disais tout à l’heure que la lentille est une légumineuse. Quels sont les intérêts d’une légumineuse ?

L’intérêt d’une légumineuse est que je n’ai pas besoin de mettre d’azote. Ses nodosités, sorte de petits sacs contenant des bactéries présents sur les racines, vont capter l’azote de l’air présent dans le sol et le rendre assimilable pour assurer la croissance de la plante. Donc je n’ai pas besoin d’apporter d’azote sur cette culture et en même temps, cela va permettre à la culture suivante de bénéficier de l’azote qui restera dans le sol après la récolte. Après cette lentille, j’implanterai du blé tendre d’hiver (qui se fait beaucoup en Nord-Pas-de-Calais).

La lentille a-t-elle une particularité dans son cycle ?

Oui, elle a la particularité d’avoir une florescence indifférenciée, c’est-à-dire qu’elle fleurit tout au long de son cycle. Nous avons tout en bas de la tige des graines qui sont déjà mûres, au milieu, des graines qui sont en train de sécher, au-dessus, des graines qui sont en train de se former et là, il y a eu un arrêt de floraison. Et on ne peut récolter que quand tout sera mûr.

Qu’est-ce qui provoque l’arrêt de la floraison ?

Ce sont des changements de température.

D’accord. Et sur ce pied-là, combien y a-t-il de gousses ?

Dans chaque gousse, il y a 1 à 2 graines et on peut estimer qu’il y a entre 40 et 60 graines par pied.

Sur un hectare, à combien estimes-tu ta récolte ?

Je devrais être aux alentours des 2 tonnes.

C’est donc la première année que tu cultives de la lentille. C’est compliqué à cultiver ?

C’est compliqué et pas compliqué ! c’est compliqué parce que c’est la première année. On ne connaît pas la culture en Nord-Pas-de-Calais, donc avec ma coopérative Unéal, on a fait des webinaires avec les 6 autres agriculteurs qui font aussi de la lentille pour la première fois, pour essayer de comprendre quelles étaient les problématiques et de ce fait, ce n’était pas compliqué, grâce au soutien et au travail mené ensemble, de résoudre les problèmes à chaque étape de l’itinéraire technique.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

La première difficulté était au moment du semis, qui a lieu normalement autour du 15 avril en Nord-Pas-de-Calais. Comme nous avons eu beaucoup de pluie à cette période, nous avons dû décaler le semis de 1 mois, d’où la date du 5 mai. Nous avons aussi un problème d’insecte, appelé la bruche, présente dans d’autres régions également. Et ce qui a été fait avec Terres Inovia, c’est un test, au sein même de cette parcelle, qui s’appelle la méthode « Push-Pull ».

C’est quoi la bruche ?

C’est un insecte qui va pondre une larve dans la graine.

Et donc en consiste cette fameuse méthode du « push-pull » ?

C’est une technique qui consiste à implanter autour du champ de la moutarde blanche qui va attirer la bruche et entre cette bande de moutarde et le champ de lentille, il y a aussi une bande de phacélie (culture mellifère), qui va servir de barrière.

C’est une technique alternative naturelle, car il n’existe pas de moyen de protection contre cet insecte.

Autre problématique, par rapport au cahier des charges de la marque Vivien Paille, il ne faut pas de gluten, pas de mélange de cultures comme le seigle par exemple. J’aurais pu essayer de faire la cameline avec la lentille, mais cela n’était pas autorisé dans le cahier des charges. La cameline sert de tuteur à la lentille pour l’aider à se rehausser en s’entourant autour des tiges.

La cameline, si vous ne savez pas ce que c’est, ça tombe très bien, c’est un sujet qui sera abordé dans un prochain épisode.

Ce serait plus facile à récolter. On va voir comment ça se passe, c’est une première année, on essaye !

Pourquoi as-tu accepté de faire ça ? qu’est-ce que cela t’apporte ?

J’aime bien innover et c’est important pour moi car je suis aussi promoteur du plan protéines en Hauts-de-France avec la structure Filoleg (filière locale des légumineuses à graines) qui permet de fédérer tous les acteurs du producteur aux transformateurs.

Est-ce que c’est une culture que tu referas les prochaines années ?

C’est une culture que je referai l’année prochaine, car quand on essaye une nouvelle culture, il ne faut jamais se focaliser sur une seule année, donc ce sera minimum 3 ans à titre personnel, mais il faut pouvoir récolter la culture. Si on passe ce cap de la récolte, on pourra s’adapter pour la suite. Nous avons mis en place de nombreuses techniques, nous verrons s’il faudra en trouver d’autres, plus adaptées au Nord-Pas-de-Calais.

Merci beaucoup Emmanuel. Bonne chance pour la récolte et à bientôt !

A bientôt Agathe

La culture de la lentille, c’est tout pour aujourd’hui. Abonnez-vous si vous voulez voir la suite, car dans un prochain épisode, on continue la filière pour savoir ce que deviennent les lentilles d’Emmanuel et on ira chez Vivien Paille. Likez et partagez si cet épisode vous a plu et à très bientôt pour la suite. Salut !

La lentille verte

Découvrez la lentille !
La lentille une plante d’avenir

Recevez nos actualités et nos recettes de saison