La souveraineté alimentaire, un enjeu de société

Objectif européen de reconquête, la souveraineté alimentaire garantit l’accès permanent à une nourriture de qualité et en quantité. Si la France maintient sa capacité à nourrir sa population, la notion de souveraineté alimentaire s’appréhende à l’échelle européenne, au nom des défis géopolitiques mais aussi climatiques mondiaux.

Souveraineté n’est pas autarcie

La souveraineté alimentaire se mesure par notre capacité à répondre à nos besoins alimentaires dans le respect de nos choix sociétaux et de nos préférences collectives. Par exemple, grâce aux agricultrices et agriculteurs français, les consommateurs accèdent à des aliments tracés et de qualité. Ceux-ci sont issus de pratiques agricoles préservant l’environnement, respectant les normes européennes et françaises.

La souveraineté alimentaire de la France ne se délimite pas à ses frontières. En aucun cas, elle ne signifie l’autarcie ; elle se raisonne à l’échelle de l’Europe et des pays tiers approvisionnés.

Benjamin LammertBenjamin Lammert, agriculteur et président de la FOP
(Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux) :

Les agriculteurs sont à l’écoute des demandes sociétales et des impératifs climatiques tout en continuant à faire leur métier, c’est-à-dire produire pour nourrir, en s’assurant un revenu décent.

Souveraineté alimentaire et compétitivité

Première puissance agroalimentaire en Europe, première en termes de surfaces avec 28,8 Mha cultivés en 2020, fleuron par la richesse de ses terroirs de production, la France a néanmoins perdu des galons ces vingt dernières années. Souffrant d’un déficit de compétitivité dans un certain nombre de filières agricoles et agroalimentaires, elle est aussi marquée par un recul du nombre d’exploitations. Selon Agreste, la France métropolitaine compte 389 000 exploitations agricoles en 2020, soit 100 000 de moins qu’en 2010. L’élevage enregistre les deux tiers des disparitions. La SAU (Surface agricole utile) a reculé de 1 %.

Aujourd’hui, la France se positionne à la 6place des pays exportateurs européens alors qu’elle était classée 5e en 2015. Sa dépendance auprès d’autres pays européens ou tiers vis-à-vis de certaines denrées, comme les fruits et les volailles, s’est même accentuée. Conséquence, même si l’agriculture française est en mesure de nourrir sa population, l’autonomie alimentaire est fragile. La crise Covid-19 a d’ailleurs révélé cette faiblesse et entraîné une réelle prise de conscience collective.

Souveraineté alimentaire et autonomie en protéines végétales

L’Europe importe près de 70 % de ses besoins en protéines végétales. Avec 55 % d’autonomie liée principalement à la culture du tournesol et du colza, la France se positionne comme fer de lance de la conquête de la souveraineté protéique pour l’alimentation animale.

En 2019, la France a érigé la souveraineté protéique au rang de priorité nationale. Doté d’une enveloppe de 100 M€ via le plan France Relance, le Plan protéines a été lancé en décembre 2020. Élaboré avec l’État, il comporte un important programme de recherche, développement, innovation et transfert qui court de 2020 à 2023.

En parallèle, le plan stratégique national français de la PAC 2023-2027 soutient nettement la montée en puissance des espèces riches en protéines dans la rotation des cultures.

L’objectif du Plan protéines est de doubler les surfaces en oléagineux, protéagineux et légumineuses fourragères en 2030. Elles devront atteindre 8 % de la SAU, soit 2 millions d’hectares. Quant aux surfaces de légumineuses pour l’alimentation humaine, elles devront augmenter de 40 % pour être au rendez-vous de la souveraineté alimentaire française.

Le saviez-vous

En jouant aussi sur les paramètres de rendement et sur le taux de protéines dans les graines, cette stratégie conduit à une moindre dépendance vis-à-vis des tourteaux de soja étrangers limitant ainsi la déforestation sur le continent sud-américain.

Souveraineté alimentaire et changement climatique

L’agriculture est source de solutions pour atténuer le changement climatique. Elle dispose d’une palette d’outils pour s’adapter aux effets du changement climatique, atténuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) et jouer un rôle déterminant dans la captation de carbone. Reconnues dans le cadre d’un Label bas carbone, les pratiques éligibles à cette certification réduisent les émissions de gaz à effet de serre, directes et indirectes. Dans ce cadre, l’introduction de légumineuses, soutenue par le Plan protéines et la PAC, est également un moyen de limiter le recours aux engrais azotés de synthèse, d’allonger les rotations des cultures avec un impact positif sur la biodiversité et les écosystèmes.

Les légumineuses sont sur tous les fronts !

La filière colza bas carbone repose sur des pratiques agricoles durables qui stockent le carbone dans le sol et réduisent les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre. Elle sert à produire des énergies renouvelables à haute réduction de GES pour les transports tout en fournissant des tourteaux riches en protéines pour les animaux. Ce modèle soutient la transition énergétique, agroécologique et l’autonomie en protéines.

Souveraineté alimentaire et vitalité des territoires ruraux

Le maintien d’un secteur primaire fort, compétitif, avec une juste répartition de la valeur entre les opérateurs, de l’agriculteur au transformateur, est essentiel à l’économie française.
Les cultures oléagineuses et protéagineuses représentent une richesse pour les régions. Elles s’ouvrent aux débouchés alimentaires et à la bioéconomie et sécurisent ainsi le revenu des agriculteurs.

Chiffres clés

100 000

producteurs

d’oléagineux et protéagineux

8,2 %

de la surface agricole utile (SAU)

est couverte par une culture oléoprotéagineuse

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