Renforcer la souveraineté protéique de la France, un objectif ambitieux et incontournable

L’enjeu de la souveraineté protéique a connu un tournant important avec la mise en place d’une stratégie nationale sur les protéines végétales en 2020. Élaborée avec l’État, portée par la filière des huiles et des protéines végétales et notamment l’interprofession Terres Univia, elle fixe la feuille de route à horizon 2030. L’objectif ? Développer l’autonomie protéique de la France pour contribuer à une alimentation saine et durable.

la France est le fer de lance de la souveraineté protéique en Europe

Avec 55 % d’autonomie en protéines végétales, la France est le fer de lance de la souveraineté protéique en Europe. La culture du colza et du tournesol, présente sur 1,7 million d’hectares en 2021, montre la voie d’une stratégie durable. Ces deux oléagineux servent à la fabrication de tourteaux riches en protéines en complément de la fabrication d’huile. Cette production locale limite à 45 % notre dépendance aux importations.

Avec le Plan Protéines mis en place en 2020, l’objectif est non seulement de limiter les importations de soja, principalement utilisé pour nourrir les bovins, mais aussi d’accroître la part des légumes secs, cultivés en France, dans l’assiette des consommateurs.

Si pour le colza et le tournesol, les attentes se trouvent notamment du côté de la hausse des rendements, pour les légumineuses, tout l’enjeu réside dans une augmentation des surfaces. Avec ces espèces, le mix protéique durable se développe.

Les trois défis du Plan protéines

Objectif ambitieux, défi de société, le Plan protéines végétales résulte de l’engagement fort entre l’État et la filière des oléagineux et protéagineux afin d’améliorer notre autonomie protéique pour l’alimentation animale en 2030.

Le plan protéines végétales répond à trois grands défis :

  • Augmenter de 10 % la production et la consommation des matières premières riches en protéines pour couvrir les besoins de l’alimentation animale.
  • Réduire la dépendance aux importations de légumineuses pour nourrir les Hommes.
  • Diminuer la vulnérabilité des élevages de ruminants via l’approvisionnement en protéines végétales locales.

La force de ce plan réside dans la mobilisation de tous les facteurs de la production : progrès génétique, optimisation de la production à l’échelle des territoires, de la transformation. Il prend en compte les attentes liées à l’alimentation humaine et animale.

Gilles Robillard, agriculteur et président de Terres-Inovia :

Le Plan protéines végétales positionne concrètement l’innovation technique au service de l’agroécologie. L’horizon 2030 est court et la transition des systèmes demande du temps ainsi que des investissements.

La date de la dépendance

Tout a basculé en 1960 lorsque le Gatt, ancêtre de l’OMC, a scellé dans le marbre la répartition des cultures entre l’Europe et l’Amérique. Au vieux continent est revenue la production d’amidon avec le blé ; au nouveau monde, celles de protéines végétales avec le soja et le colza. La sécheresse de 1973 a entraîné l’embargo sur les exportations du soja américain et la flambée des prix. Cette situation a mis en exergue la vulnérabilité de l’Europe et sa moindre capacité à nourrir ses élevages. Conséquence, l’Europe a lancé en 1974 le premier Plan protéines : la filière a pu alors structurée.

Le saviez-vous ?

48 % des Français consomment des légumineuses au moins une fois par semaine (Credoc 2021).
6 Mt de graines d’oléagineux et de protéagineux ont été récoltées sur 2 Mha en 2021.
3,6 Mt de tourteaux ont été produits en France en 2021 pour nourrir les animaux à partir des graines de colza et de tournesol et de soja non OGM.

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