Dans cet épisode Laurent, producteur de pois chiches répond aux questions suivantes :
00:30 Est-ce que tu peux te présenter et nous dire ce que tu fais ?
01:00 Qu’est-ce qui t’a fait te convertir au bio ?
02:00 Est-ce que ce côté local et terroir, ça a du sens ?
02:35 Est-ce que tu n’as pas été un peu précurseur ?
03:25 Dans 10 ans où en serons-nous côté agricole ?
04:09 Laurent, as-tu un dernier message pour changer le monde ?
Salut c’est Agathe. Bienvenue dans Paroles de Terres ! Je suis toujours dans ma saga Pois chiches. Mais aujourd’hui je le range dans ma poche car vous vous souvenez de Laurent : il nous a fait découvrir le pois chiche d’Occitanie, et bien aujourd’hui j’ai envie d’en savoir un petit peu plus sur lui, qui il est, son parcours. Allez, c’est parti !
– Bonjour Laurent.
– Bonjour Agathe.
– Merci de nous avoir parlé de ton exploitation, de tes pois chiches, de ta farine de pois chiches. Aujourd’hui j’aimerais qu’on parle un petit peu plus de toi, est-ce que tu peux te présenter et nous dire ce que tu fais ? – Je vis en Occitanie, je suis marié, j’ai deux enfants, une fille de 20 ans et un garçon de 17 ans, et je suis agriculteur en bio.
– Tu t’es installé sur ton exploitation à la suite de tes parents ?
– En 1997 j’ai repris l’exploitation familiale. J’ai fait pendant 12 ans du conventionnel et en 2010 je suis passé en bio. – Alors tu nous dis que tu es en bio depuis 11 ans qu’est-ce qui t’a fait te convertir au bio ? Il y a plusieurs raisons. Une des raisons : je me suis rendu compte que je produisais essentiellement du blé dur et du tournesol. Le blé dur était essentiellement commercialisé via des coopératives pour le Maghreb pour la semoule et en Italie pour les pâtes essentiellement et le tournesol lui, partait pour faire de l’huile. Rien n’était consommé localement et nous étions concurrencés par d’autres pays, le Canda pour le blé dur notamment. D’un autre côté, on avait déjà en 2010 des consommateurs qui étaient prêts à consommer local à payer un juste prix pour une production de qualité. Il y a eu ces deux paramètres, en plus de l’environnement social et naturel, car on est entouré de maisons. Et c’était de plus en plus compliqué, de pouvoir travailler en conventionnel, de pouvoir traiter, de pouvoir désherber… ça reste compliqué.
– Est-ce que ce côté local et terroir, ça a du sens ?
– C’est tout le sens du paysan. Il ne faut pas oublier que dans le mot paysan, il y a le mot pays, il y a le mot « territoire » et chaque paysan a son territoire. C’est ce qui nous reconnaît, c’est notre identité. – Ça fait donc dix ans que tu fais des légumineuses, que tu es en bio, que tu transformes une partie de tes graines et que tu fais de la vente directe, est-ce que tu n’as pas été un peu précurseur ?
– On peut dire ça. Quand j’ai commencé à passer en bio, mon système d’exploitation a été conçu autour des légumineuses, pour être le plus autonome possible sur la production. A côté de ça, toute la vente qu’on a pu mettre en place, on a vu au fil du temps la clientèle changer. Au départ, on travaillait avec des magasins fermiers, après ça été plus des magasins bio, et de plus en plus des magasins en vrac, bio, sans aucun déchet, ça explose sur le territoire. Tous les politiques développent ce qui est local sur le territoire pour l’alimentation, restauration collective et autre.
– Alors puisque tu as été précurseur… dans 10 ans où en serons-nous côté agricole ?
– Je pense que le fossé va se creuser entre une alimentation de qualité comme on essaie de faire sous labels et une agriculture de masse, mondialisée comme on a déjà, et qui le sera encore plus. Ce qui nous pose le plus de questionnements, c’est plutôt le changement climatique. C’est de plus en plus compliqué de produire et d’avoir une régularité dans la production. Ça, c’est compliqué, surtout avec des légumineuses qui ont des rendements assez aléatoires. – Laurent, as-tu un dernier message pour changer le monde ?
– Pour changer le monde, il faudrait que les consommateurs aient conscience que dans leur façon de consommer, ils peuvent générer dans l’avenir des changements positifs. Si on consomme une alimentation saine, locale qui a nécessité peu d’énergie pour la produire on va favoriser l’environnement et la santé de l’humain.
– Donc il faut manger français !
– Français, local et sain.
– Merci beaucoup Laurent
– Avec plaisir Agathe