Retrouvez les débats des rencontres OléoPro 2021 du 24 novembre 2021 sur le thème :
Souveraineté alimentaire, protéines : une Filière en action dans ce Replay :
Introduction générale par Antoine Henrion, Président de Terres Univia
Table ronde : « En action pour structurer les filières »
– Les enjeux de la structuration de filières
– Quelques exemples concrets de structuration de filières :
- LEGGO
- FILEG
- ProteiNA
avec Jean-René MENIER, agriculteur, Président de Leggo et Christian DANIAU, agriculteur, Président de la Chambre d’agriculture de la Charente et Illan Cherki, DG de la CIACAM
Masterclass : En action vers la souveraineté alimentaire
– Hervé GAYMARD, ancien ministre de l’Agriculture et président du groupe de travail rapport Institut Montaigne
– Jean-Philippe PUIG, CEO Avril
– Jacques Kheliff, Président du comité des parties prenantes d’Avril
Conclusion – Discours de clôture
– Arnaud ROUSSEAU, président de Avril Gestion et de la FOP
– Julien DENORMANDIE, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation
« LE PLAN PROTÉINES VÉGÉTALES, EFFET BOOSTER SUR LA FILIÈRE »
« Créer de la valeur c’est notre ADN, que ce soit avec la culture de légumes secs comme pour celle des oléagineux et protéagineux. Notre principal enjeu est de reconquérir notre souveraineté protéique. À laquelle s’ajoute le défi de la transition agricole. Cultiver plus de légumineuses, c’est accroitre la durabilité des itinéraires techniques, c’est aussi favoriser la biodiversité et atténuer le changement climatique.
Outil de financement, le plan protéines végétales accompagne des projets de territoires comme Leggo dans le grand Ouest, Fileg en Occitanie, Protéi’Na en Nouvelle Aquitaine. L’innovation s’accélère grâce au programme Cap Protéines piloté par Terres Inovia et l’Idele.
L’horizon 2030 est court, la transition des systèmes agricoles demande du temps et des investissements. Nous avons aussi le défi du changement climatique. Les cultures sont vulnérables. L’accès à tous les moyens de production est fondamental. »
Antoine Henrion, président de Terres Univia
PARTAGE D’EXPÉRIENCES :
DE L’ÉNERGIE POSITIVE AU SERVICE DES PROTÉINES
Accroitre la production de légumineuses pour l’alimentation animale ou humaine, implique de structurer les filières sur les territoires. Courroie de transmission des attentes des consommateurs, elles sécurisent chaque opérateur. Tels sont les messages clés délivrés lors de cette table ronde.
En assurant le financement de projets sur dix ans, les pouvoirs publics accélèrent le déploiement des surfaces de cultures riches en protéines. Ils mettent en lumière des démarches territoriales innovantes et structurées. Le plan Protéines végétales remet le légume sec au goût du jour. Pour Illan Cherki, directeur général du négoce Ciacam, cet aliment rentre dans de nouveaux schémas de consommation. Surgelé, cuisiné, il investit les assiettes, notamment en restauration collective. Importatrice de ces matières premières lors de sa création, il y a 70 ans, son entreprise s’approvisionne désormais sur le territoire français.
La contractualisation engage durablement les agriculteurs
La production agricole se développe au rythme de la consolidation des filières. Illan Cherki note qu’après une phase d’intégration des légumineuses dans la rotation, une concurrence entre céréales et légumineuses s’installe actuellement. Pour rééquilibrer la rotation, il précise que l’on produit pour un marché et que l’adéquation entre offre et demande passe notamment par la contractualisation entre opérateurs. « Il faut écouter les besoins, ne pas se restreindre à une région, réfléchir à l’échelle des territoires et en filière », complète-t-il.
La contractualisation, c’est justement l’un des axes stratégiques porté par l’association Leggo – Légumineuses à Graines du Grand Ouest. Elle a été créée en 2019 par les Chambres d’agriculture de Bretagne, de Normandie et des Pays de La Loire, dans le prolongement des Etats généraux de l’alimentation. Ces 50 membres, doivent s’engager durablement pour fournir la restauration collective : « Un droit d’entrée est nécessaire pour témoigner de sa motivation, explique son président, Jean-René Menier. On ne peut pas gérer les légumineuses pour l’alimentation humaine comme des commodités ! ». En jeu, la nécessaire sectorisation des filières et des marchés « Le consommateur n’acceptera pas de payer plus cher son repas, s’il apprend que les légumes secs sont issus de variétés servant à l’alimentation animale », précise-t-il.
Les régions s’impliquent
L’autre facette du plan protéines est de conquérir l’autonomie alimentaire des élevages. Un projet peut rassembler des acteurs publics et privés*. C’est le cas du plan Protéi’NA en Nouvelle Aquitaine, débuté en 2018 et lancé en octobre 2020. Une dotation de 500 000 euros de la région lui a été attribuée en plus de celle du Plan Protéines végétales. La question de l’autonomie commence au niveau de l’exploitation agricole. « Dans notre région, la première source de protéines, c’est l’herbe, puis viennent les céréales, explique illustre Christian Daniau, agriculteur en Charente, co-président du comité de pilotage Protéi’NA. Si on augmente le taux de protéine de 0,5 points, ce sont 1,5 Mt de graines de soja importées en moins. » Avec, le tournesol et le colza, dont les tourteaux apportent des protéines, une autre filière, au service de l’indépendance énergétique monte en puissance : « Pour chaque hectare de colza supplémentaire, je limite l’importation de soja grâce à fabrication de tourteaux et je réduis les émissions d’énergie fossile avec le carburant renouvelable produit à partir de l’huile », partage-t-il. La compétitivité écologique bat son plein, à condition de pouvoir produire dans de bonnes conditions.
* Chambre régionale d’agriculture, région, DRAAF, acteurs de la filière amont et aval.
REFAIRE DE LA FRANCE LA PREMIÈRE PUISSANCE AGRICOLE DURABLE AU MONDE
Rédigé à partir d’une centaine d’auditions, le rapport Montaigne a été présidé par Hervé Gaymard, ancien ministre de l’Agriculture. « Nous souhaitons mobiliser tout le monde autour de l’agriculture et l’alimentation, a-t-il témoigné lors de la table ronde sur le thème de la souveraineté alimentaire. Et en finir avec les fausses idées. Non, le libre échange généralisé n’est pas la réponse à tout ! ».
À la lecture du rapport, Jacques Kheliff, président du comité des Parties prenantes d’Avril, partage son sentiment d’inquiétude : « Si nous sommes toujours la première puissance européenne agroalimentaire, j’ai découvert que nous le sommes moins qu’avant, voire que nous sommes déficitaires dans les échanges européens. Cela remet la question de la souveraineté alimentaire sur la table. L’avenir ce ne sont pas que les services, l’avenir c’est également l’agriculture et l’industrie ! ».
Besoin de cohérence et de constance dans les décisions politiques
Avec les prochaines élections présidentielles et la présidence française de l’Union Européenne, Hervé Gaymard appelle à de la cohérence et de la constance dans les politiques publiques : « L’agenda vert européen, ne doit pas être la régression de la politique agricole ! » Quant à la question de la surtransposition des normes, « elle met des boulets au pied des agriculteurs français », a-t-il souligné.
Sur ce point, Jean-Philippe Puig, directeur général d’Avril, demande que des études d’impacts soient réalisées avant toute surrèglementation afin de ne pas créer de barrières et d’affaiblir la compétitivité.
Création et juste répartition de la valeur
Au-delà des enjeux réglementaires, le sujet en France concerne la création et la répartition de la valeur, du producteur au transformateur. Se pose en parallèle, celui du budget des ménages pour rémunérer la qualité. Pour Jacques Kheliff, le calcul du prix final manque de transparence. Il appelle à plus de communication pour faire effet levier, y compris sur la composition des étiquettes des produits transformés. Et invite à ouvrir le débat sur les paradoxes comportementaux comme celui de comparer le prix des produits alimentaires à partir de smartphones dernier cri.
Jean-Philippe Puig, considère que la loi EGalim 2 va dans le bon sens. Toutefois, il milite pour que les contrats soient pluriannuels, comme c’est le cas en Allemagne. « La garantie de volume nous permettrait de sortir du cercle vicieux, qui empêche l’investissement ». C’est un levier efficace pour que l’agroalimentaire français soit plus concurrentiel !
Les six chantiers identifiés par l’Institut Montaigne
• Donner un cap stratégique cohérent et de long terme aux politiques publiques.
• Restaurer la compétitivité des filières agricoles, notamment sur le marché unique.
• Revaloriser le revenu agricole et réenchanter les métiers pour attirer davantage les nouvelles générations et répondre aux besoins du secteur.
• Donner aux agriculteurs les moyens de produire et d’entreprendre durablement.
• Accompagner les changements de pratiques agricoles.
• Accélérer la marche vers une alimentation durable et de qualité
Consulter le résumé du rapport
PAS DE PRODUCTION, PAS DE PLAN PROTÉINES !
Le renforcement de l’autonomie protéique, nécessite un cadre réglementaire sécurisé sur les moyens dont peuvent disposer les agriculteurs pour produire. Le plan Protéines végétales est un vrai levier pour notre souveraineté protéique mais l’agriculture doit pouvoir exprimer tout son potentiel ! Tel est le message clé des producteurs à destination des pouvoirs publics.
C’est une ambition claire de reconquête de la souveraineté alimentaire française et européenne qu’a rappelé Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, en clôture des Rencontres OléoPro qui se sont tenues le 24 novembre à Paris. L’autonomie protéique en est le fer de lance. Le Plan protéines végétales co-construit avec la filière des huiles et protéines végétales françaises en constitue un pilier essentiel. Visant 2 millions d’hectares de cultures riches en protéines en 2030, soit 8 % de la surface agricole utile, il est doté d’une enveloppe de 120 M€.
Compétitivité écologique à soutenir
Des soutiens politiques complémentaires sont attendus via la PAC 2023 : aides couplées et pragmatisme dans la définition des mesures environnementales additionnelles (écorégimes). Mesures qu’a souligné le ministre, « pour que les précédentes PAC de la jachère, laissent la place à la PAC des protéines et des haies ». Arnaud Rousseau, président d’Avril et de la FOP, a d’ailleurs témoigné de l’intérêt « pour l’ouverture de programmes opérationnels aux matières riches en protéines végétales ». Tout en rappelant sa vigilance « sur un cadre d’engagement potentiellement trop rigide » et sur la nécessaire finalisation du Plan stratégique national d’ici juillet 2022 avant l’élaboration des assolements pour 2023.
Autre souhait de la filière, au nom de la compétitivité écologique : que la société reconnaisse la contribution active de l’agriculture à la transition énergétique. « Nous demandons que le carburant B100, allié précieux pour préserver la qualité de l’air dans les centres-villes, soit éligible à la vignette Crit’air1. »
Nécessaire sécurisation des moyens de production
Pour produire, trop de freins existent : « La France s’automutile sur ses moyens de production », a interpellé Arnaud Rousseau. « Pour le glyphosate comme pour les insecticides, il ne faut pas d’interdiction sans solutions ! ». Autre cadre, jugé trop rigide : celui instauré sur les variétés de tournesol résistantes aux herbicides et obtenues par mutagénèse. Enfin, l’accès en Europe aux outils de sélection performants comme les nouvelles technologies de génomiques (NTG) est un dossier très attendu par les producteurs. La performance agronomique des variétés est l’une des clés de l’adaptation de l’agriculture face au changement climatique.
Investissements structurants
Quant aux financements des projets Casdar, destinés à améliorer les pratiques agronomiques, ils ressortent insuffisants même si la filière contribue déjà à hauteur de 8 M€. « Les besoins supplémentaires se situent entre 4 et 5 M€ contre 1,3 M€ de prévu », a précisé Arnaud Rousseau. Il a toutefois salué le sujet du Varenne de l’eau « pris à bras le corps » par le ministre. Pour la filière, la prochaine étape concerne l’investissement dans l’irrigation de précision.
Le succès des aides dans les agroéquipements montre d’ailleurs l’intérêt des agriculteurs à soutenir la dynamique du Plan Protéines végétales.
Arnaud Rousseau demande un nouvel appel à projet. Et à financer ce qui est structurant pour la filière comme le projet Sojalim, jusqu’ici non retenu par FranceAgrimer. « Il doit valoriser la récolte de 500 producteurs de soja », souligne-t-il.
Atelier Thématique proposé par Terres Univia : LES LÉGUMINEUSES AU CŒUR DE L’INNOVATION ALIMENTAIRE
Atelier Thématique proposé par SAIPOL : La protéine des graines oléagineuses, une source de valeur à construire ensemble
Atelier thématique proposé par Terres Inovia : Souveraineté protéique : l’agriculture doit-elle innover encore davantage ?
Atelier thématique proposé par Sofiprotéol : De solides perspectives de développement pour la filière pois française
Citations marquantes…
Arnaud Rousseau président d’Avril et de la FOP
« De notre capacité à produire des cultures riches en protéines dépend la réussite du Plan protéines. »
Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation :
« Diminuer de 15 % les surfaces alimentaires en Europe, comme à vous, cela me pose un énorme problème. Une des missions de l’Europe est d’être exportatrice, cela le sera encore demain. »
Gilles Robillard, président de Terres Inovia :
« L’accès à l’eau est essentiel au développement de la filière. Le secteur semencier doit aussi bénéficier des technologies les plus avancées de sélection variétale comme les NTG. »
Antoine Henrion, président de Terres Univia
« Nous sommes impliqués dans la structuration des filières des protéines végétales. Les acteurs interagissent entre eux pour maintenir la dynamique avec des objectifs sur l’alimentation humaine et animale. »